Moi,moi,moi,moi
- mpourcellie
- 2 janv. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 janv. 2023
Cela fait plusieurs années que le Moi, moi, moi, moi, l’emporte sur l’Autre. Il suffit de descendre tout simplement dans la rue pour s’en rendre compte. Plus personne ne s’excuse. Tout le monde fait comme s’il était seul, ne laisse jamais le passage, vous ignore totalement, ne respecte pas les personnes âgées... C’est une réalité dont j’avais du mal à expliquer le pourquoi. Comment étions-nous arrivés à oublier que l’autre est aussi un être humain et pas un objet que je croise sur mon chemin ? C’est Alexandre Havard dans une conférence sur Internet qui m’a apporté la solution. Il dit que le principal problème est anthropologique. L’homme et la femme n’existent plus dans son concept de nature humaine. Je n’accepte pas l’idée que j’ai été créé, que la nature m’a créée, qu’elle m’a donné des principes. Les principes de la nature humaine n’existent plus, l’homme la femme, n’existent plus. La seule chose qui existe, c’est Moi en tant que sujet pensant. Je pense dont je suis. je me réengendre moi-même en ce que je veux chaque jour, je suis un Dieu pour moi-même. Tout ceci créé une idéologie moderne monstrueuse provoquée par l’orgueil, l’orgueil de penser que l’on n’a rien reçu, que tout simplement nous sommes, car la pensée produit l’être. L’autre devient un objet de ma pensée. Il n’y a plus de possibilité de dialogue. C’est la guerre du moi sujet pensant contre l’autre, objet de ma pensée. C’est le plus fort qui gagne. Tous les jours nous sommes témoins de ce combat permanent entre les personnes. Pour Alexandre Havard cela produit forcément une civilisation de personnes, dont le sens de la vie, finalement, c’est la consommation. La cause de tout ceci est pour lui le rejet de valeurs transcendantes. C’est à dire refuser qu’il y ait quelque chose au-dessus de nous qui dépasse l’entendement Humain, qui donne à l’homme la meilleure des vertus : l’humilité.
Le danger est que sans cette vertu, on entre en guerre contre tout le monde pour affirmer son égo. II n’y a plus de place pour le Beau, le Vrai, le Bien, il ne reste de la place que pour la consommation, l’amusement et la manipulation des autres qui devient une sorte d’amusement. Il rajoute : plus de place pour Dieu. Ainsi s’installe un matérialisme athée, terrible drame, qui laisse croire que l’on peut aimer l’homme pour l’homme. « Pourquoi est-ce que moi sujet pensant, égoïstiquement pensant, je dois t’aimer toi ? ce n’est pas possible que je t’aime puisque toi tu n’es qu’un produit de ma propre conscience ». Cet humanisme immanent est faux d’après Alexandre Havard et ne peut mener qu’à la haine totale de l’Homme pour l’Homme. C’est bien le constat que l’on fait, lorsqu’on croise des gens dans la rue, plus personne ne croit à un amour purement humain. On ne voit même pas dans leurs yeux un peu de mansuétude. Une autre idée intéressante développée par le conférencier est que nous ne nous rendons pas compte que nous vivons dans un totalitarisme masqué dont le résultat est une sorte de guerre où tout le monde cherche à affirmer son ego, sans respecter les principes de la nature humaine. Le constat est que la civilisation occidentale fait trop confiance au droit, car on pense qu’avec le droit se règlent tous les problèmes, alors qu’ils ne règlent que les problèmes des institutions, sans régler les problèmes de l’homme. Mais le problème du droit n’étant pas le problème de l’homme, si en plus dans les institutions il y a des individus qui ne sont pas des êtres humains, au sens propre du terme, parce qu’ils ne respectent pas les principes de la nature humaine, on aboutit à un totalitarisme masqué, beaucoup plus dangereux qu’un totalitarisme démasqué. La conséquence de ceci est que toute cette façade juridique que l’on appelle démocratie, risque bientôt de s’effondrer complètement. C’est le ressenti de beaucoup de personnes qui pensent aujourd’hui que les grands principes qui donnent de la dignité à l’homme sont abusés par toute une catégorie de gens qui exercent une activité d'influence ou de pression sur le pouvoir politique. Leur objectif étant uniquement l’augmentation du profit.
Faisant suite, Alexandre Havard développe l’idée que tout ceci génère une dictature de l’émotion. S’il n’y a plus en moi, dans mon sujet des valeurs, comme le beau, le vrai, le bien, qui me font transcender personnellement, au sens un peu bas du mot transcender, il ne me reste que l’émotion. Au lieu de chercher au niveau de l’intelligence du cœur comment penser, en réalité ce que l’on cherche à faire tout simplement, c’est sentir. Le problème de ces émotions est qu’elles ne sont pas en harmonie avec l’intelligence pratique et le cœur. Elles deviennent de la sensiblerie. Cela produit en conséquence une catégorie de gens facilement manipulable par une catégorie de gens qui ne cherchent que la réalisation de leurs propres intérêts. Nous en avons un exemple quotidien lorsqu’on ouvre la Télé.

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