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Livre à quatre mains

Même si je ne suis pas engagé politiquement, même si je ne lis jamais de livres écrits par les hommes politiques, j’ai été séduit par une émission de télé où Edouard Philippe et Gilles Boyer faisaient la promotion de leur livre, d’autant plus que l’animateur de l’émission de télé « Quotidien » n’avait fait durant l’interview aucune différence entre les deux coauteurs, amis de tout temps. Il avait même poussé la délicatesse à les présenter par ordre alphabétique. J’ai donc acheté le livre « impression et ligne claires ». Une première surprise attend le lecteur dès les premières pages. Il est écrit à la deuxième personne du pluriel, pas de « je ». Cela a été vraisemblablement facilité par le fait que les coauteurs ont partagé tous les combats et ont vécu ensemble les 1145 jours à Matignon. Mais la confiance et l’amitié qui les lient l’un à l’autre en sont vraisemblablement la meilleure raison.


Petit préambule : Je ne me suis jamais vraiment intéressé à la politique celle qui recouvre tout ce qui concerne l'organisation d'une cité ou d'un État et l'exercice du pouvoir conforme à une constitution. J’ai quelques idées qui tiennent compte de mon vécu et de mon expérience de responsable d’entreprise pendant plus de 30 ans, mais comme beaucoup, je n’ai aucune idée sur la façon de les mettre en œuvre. Je me garderais donc de donner des conseils ou encore moins de prendre pour argent comptant les conseils de ceux que l’on nomme « les hommes politiques ». Acception souvent inappropriée pour qualifier ceux dont la stratégie de conquête du pouvoir est plus importante que le bien de la nation, leur principale obsession étant de satisfaire leurs intérêts personnels. Résultat : un terrain de jeux tout trouvé pour les médias. Au final, il ne se passe pas un seul jour sans que nous soyons agacés par des journalistes qui jouent à celui qui obtiendra le premier un scoop, surtout au sujet d’élections à venir. C’est tellement ancré dans les pratiques que Laurent Delahousse, lorsqu’il a reçu les deux coauteurs s’est couvert de ridicule en voulant faire dire à Edouard Philippe qu’il cachait derrière son livre des ambitions présidentielles. Quel intérêt par rapport au contenu d’un livre fait pour nous éclairer ? Ce brillant présentateur de journal télévisé n’a eu de cesse que de chercher une parole, un signe, un sourire, un clignement des yeux, un souffle… qui pourrait lui donner l’avantage d’avoir fait dire « je n’écarte pas l’idée de…. ». Sur le livre, pas de questions intéressantes alors que les sujets abordés méritent qu’on y réfléchisse, puisque je le rappelle, ce sont les 1145 jours passés à Matignon avec les difficultés, les prises de décisions qui sont racontées.

L’objectif de ce post est bien sûr de donner l’envie de lire le livre, mais c’est aussi l’occasion de donner un « coup de gueule », afin que l’on cesse de nous matraquer d’informations qui n’apportent rien au débat démocratique et qui nous bêtifient. La démarche des coauteurs est bien plus intéressante car elle consiste à nous éclairer.

Pour en revenir au livre, c’est un témoignage unique sur l’exercice du pouvoir avec ses difficultés, ses décisions difficiles. C’est aussi un éclairage sur les actes, les lieux et les hommes de pouvoir présentés de façon didactique. L’idée maîtresse est que la gouvernance du pays se fait avant tout conformément à la constitution. Elle est le référant pour prendre toute sorte de décisions. J’avoue humblement de ne pas l’avoir regardée de près, comme beaucoup. Pourtant, nombreux sont dans mon cas qui donnent cependant un avis sur tout et expliquent ce qu’il faut faire. Un peu d’humilité serait parfois nécessaire. Les coauteurs nous expliquent au début du livre comment la constitution fixe les attributions entre l’Élysée, Matignon et l’Assemblée. Je les cite : « Politiquement le Président investi de la confiance des français dispose d’une très grande autorité. Juridiquement c’est l’assemblée qui vote ou le Premier Ministre qui signe. Le Président aussi puissant qu’il soit ne peut pas appliquer son projet ». Cette phrase est lumineuse car elle va à l’encontre de ce que l’on peut entendre parfois. « C’est le Président qui a décidé, qui fait… ». L’exécution de toute décision passe forcément par le Premier Ministre qui est responsable devant l’assemblée. Ce serait apporter peu de crédit à un Premier Ministre qui, sans négocier, ferait appliquer les demandes du Président s’il avait des avis divergents. On oublie trop souvent que gouverner est de prendre des décisions concertées. Cela éviterait d’entendre certaines absurdités. Mais cela n’est pas toujours facile, on le voit bien, toute proposition de loi ou tout nouveau projet, même s’il est bien fondé, entraine des mécontents.

La cause première est que nous sommes fondamentalement individualistes.

Les conséquences sont que nous échafaudons des solutions qui nous avantagent, déclamées à qui veut les entendre mais irréalisables techniquement par un gouvernement en charge de diriger dans l’intérêt du pays. Le plus grave, ce sont les discours tenus par certains hommes dit politiques qui n’étant pas au pouvoir et en charge du fonctionnement de l’état, agissent de même. Avant de dire « y a qu’à, faut qu’on » on devrait prendre un peu plus connaissance de l’environnement dans lequel nous vivons et des principaux indicateurs économiques de notre pays. Les quelques chiffres donnés dans le livre laissent à réfléchir et sont très instructifs. Ils mettent en évidence que certaines idées lancées tous les jours en boucle, par des invités, sur les chaines d’information, sont de vrais mirages. Par exemple en matière d’écologie, sujet cher à nous tous, les coauteurs font remarquer que la question du rythme est au moins aussi importante que celle de la direction. Cela signifie que si le bon sens définit des directions dans ce domaine, la transition doit se faire à un rythme qui tient compte des décisions que cela impose et qui sont parfois dramatiques : la perte d’emploi, la ruine d’exploitations agricoles… ou qui nécessitent de trouver des substituts efficaces


La fin du livre se termine sur une mise en garde au sujet de l’augmentation de la dette qui hypothèque l’avenir. Le débat lancé est : faut-il diminuer les dépenses ou augmenter les recettes. Les chiffres font réfléchir. Dans le budget de l’état sur 1000 € dépensés 575€ sont consacrés à la protection sociale. Charles Trenet chantait « que reste-t-il de nos amours… », Nous pouvons chanter, que reste-t-il pour satisfaire nos amours : éducation, culture, sport… Très bonne question.

Alors augmentons les recettes, prenons sur les mieux à même de supporter les prélèvements : les riches, voire les super-riches. Qui sont les riches, ceux qui travaillent dur ou ont travaillé toute leur vie, qui obtiennent un petit patrimoine ? Ils représentent un montant de prélèvement élevé mais cela veut dire comme toujours taxer la même catégorie de personnes. Et cela revient à taxer une bonne partie de la population. Mais il y a encore les supers riches. La solution a été déjà utilisée et la dette n’a pas baissée. N’oublions pas que ces super-riches ont pour la plupart monté des fondations pour la culture, pour la recherche pour le cancer, pour aider les jeunes entreprises... Que se passera-t-il s’ils quittent le pays ? Les réponses ne sont pas simples


Concernant le changement climatique la question posée est : sommes nous prêts après la période d’expansion qui a suivi l’après guerre, de changer notre comportement ? Entrainés à la consommation, aujourd’hui nous voulons tout au moindre prix. Pourtant toute décision nationale en faveur du ralentissement climatique sera moins efficace que si nous consommons intelligent. Sommes nous prêts à faire des sacrifices comme : ne pas encombrer les routes tous les week-ends pour aller à la montagne ou à la mer, ne pas choisir systématiquement une destination hors de France pour nos vacances, ne pas rechercher toujours le prix le plus bas en commandant par exemple sur amazon, faire des efforts pour consommer localement même si c’est plus cher… Ne demandons pas au gouvernement de faire, pour conserver notre comportement individualiste. D’une façon générale remplissons nos obligations au lieu d’attendre que les choses arrivent sans effort.


Bonne lecture « d’impression et lignes claires »



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